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AVEU

Je suis le responsable de la marée noire !
 
   
Je vous dois des aveux. 
 Je suis le responsable de la marée noire !
    Je suis d'ailleurs aussi coupable de beaucoup d'autres méfaits : la vache folle, le chômage dans l'industrie textile, la mort des chantiers navals, et je pourrai poursuivre longtemps ainsi !
    Comment ai-je fait ? C'est simple. Vous ne le savez pas, mais en fait, j'ai pris le pouvoir au début des années 80. J'ai décidé d'acheter tout moins cher et le moins cher possible. Il y avait alors des bouchers à tous les coins de rue. J'ai d'abord cherché le boucher le moins cher. Puis est apparue la première grande surface ; j'ai quitté mon boucher pour ne plus acheter la viande que chez elle, et quand se sont établis plusieurs grandes surfaces, je les ai mises en concurrence. Les bouchers ont disparu de la ville et la viande a encore baissé. Maintenant je mange de la merde, mais c'est la merde la moins chère. En même temps, je me suis occupé de mon vendeur de chemises. Elles étaient trop chères, venant des usines textiles du Nord. Par le même mécanisme, j'ai fait disparaître tous les chemisiers de la ville et je n'achète plus que dans les grandes surfaces. L'industrie textile française entre autres a disparu et mes chemises viennent du sud-est asiatique.
 
La disparition des chantiers navals
 
Il est facile aussi de voir le résultat de mes actions sur la pluralité des chantiers navals de plaisance. Donnant ma préférence au prix plutôt qu'à la qualité, j'ai donné le pompon à la seule gentille Annette. Je me suis donc aussi attaqué aux pétroliers. Facile, sur les autoroutes on m'indique l'essence la moins chère je n'ai donc acheté que celle-là, changeant de marques selon les promotions. Comme là, j'étais aidé par le gouvernement qui surtaxait l'essence, ce fut aisé. Devant la baisse de leurs profits, les pétroliers, comme c'est classique, ont coincé le maillon économiquement le plus faible de la chaîne pétrolière : le transport maritime. Quand je suis arrivé au pouvoir, les pavillons maritimes avaient pignon sur rue. Ces gens étaient fiers de mettre leurs noms sur leurs pavillons. Cette forme d'entreprise maritime peu à peu a disparu, attaquée par les pétroliers et par toutes les autres entreprises (que j'attaquais moi-même toujours avec le même procédé : les prix, les prix, les prix !), et remplacée par de petits ruffians acceptant de "petits" bénéfices. Et pourquoi les pétroliers devaient-ils conserver leurs profits ? Encore à cause de moi. J'avais en effet quelque part des fonds de pension américains et j'étais très attentif à ce qu'ils maintiennent mes dividendes. Si ceux-ci baissaient, je changeais de fonds et ainsi les obligeais tous à maintenir leurs exigences auprès des entreprises...
 
NOUS
 
Je pourrais ainsi continuer la liste de mes méfaits pendant des heures...
Pas une entreprise qui n'ait subi mes assauts.
    Bien sûr, je n'étais pas seul. J'avais avec moi tous les consommateurs des pays riches. Nous avons rayé le capitalisme de la planète, seuls restent des gestionnaires d'entreprises finalement soumis à nos pressions. Mais ils ne sont pas en face de nous car eux aussi c'est NOUS. Nous sommes les travailleurs des entreprises, nous sommes les gestionnaires des entreprises, nous sommes les actionnaires des entreprises, nous sommes les consommateurs, nous sommes partout !
 
 Une situation économique et politique simple
 
  
Mais cessons cette plaisanterie.
    Il y a cent ans, les choses étaient simples : il y avait des capitalistes, propriétaires de leurs entreprises qui fournissaient des objets destinés à la bourgeoisie. Ces capitalistes et ce groupe social vivaient donc dans une certaine économie et constituaient de ce fait une classe sociale. Travaillaient dans ces entreprises des ouvriers, viv