par Patricia Reaney
LONDRES, 8 décembre (Reuters) - Des scientifiques ont recommandé mardi à la Grande-Bretagne d’autoriser des recherches sur le clonage à partir d’embryons humains afin d’améliorer le traitement de maladies graves.
Dans un rapport condamné sur-le-champ par l’organisation LIFE, hostile aux manipulations génétiques, une équipe d’experts approuve l’interdiction officielle de la reproduction humaine par clonage mais laisse la porte ouverte à l’emploi de cette technique pour la création de tissus et d’organes clonés.
Les experts font valoir que les techniques de clonage peuvent se révéler utiles, au cours des prochaines années, dans le traitement de pathologies du cerveau comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, ou de divers types de cancer. "L’idée d’une reproduction humaine par clonage ne débouchera nulle part dans ce pays", a dit Sir Colin Campbell, président de la Commission consultative sur la génétique humaine (HGAC). Mais les recherches permettront peut-être, dans les dix ans qui viennent, de cultiver des cellules en vue de créer des tissus humains pour des greffes de peau et plus tard des organes en tous points compatibles avec le système immunitaire du receveur.
Le rapport a été réalisé conjointement par la HGAC et l’Institut d’embryologie et de fécondation humaines (HFEA) de Grande-Bretagne, qui avaient été invitées en janvier à présenter des recommandations au gouvernement sur les aspects juridiques du clonage. La législation britannique interdit le clonage d’êtres humains depuis 1990, mais l’annonce en 1997 du clonage réussi de la brebis Dolly a relancé le débat sur les moyens de régulation de cette technique.
Pas de clonage d’enfants
Ruth Deech, présidente du HFEA, a noté que les experts se prononçaient fermement contre le clonage de bébés et recommandaient des recherches sur le clonage thérapeutique pour lesquelles seraient utilisés de très jeunes embryons humains.
L’association LIFE, elle, a immédiatement condamné le rapport favorable au clonage thérapeutique en disant y voir une première étape vers le clonage de nouveau-nés. "Cette recommandation revient à préconiser une nouvelle forme de cannibalisme technologique où les victimes seront de vrais représentants vivants de l’espèce humaine", a déclaré Peter Garrett, directeur de LIFE. "En vertu des techniques proposées, on en viendra à produire des copies identiques de personnes réelles et à les transformer en tissus et organes pour les greffer sur les donneurs d’origine."
Campbell a rejeté ces arguments en déclarant que le clonage thérapeutique ne visait pas à reproduire des personnes à l’identique mais à agir contre des maladies : "Si cela permet de sauver la vie d’une femme, de mieux traiter un cancer du sein, un Alzheimer ou cancer du poumon, nous encouragerons et financerons la recherche parce qu’il en résulte un gain de connaissances dont pourra bénéficier l’humanité. "Si cela devient une chose moralement répugnante, nous ne l’autoriserons pas."
Le rapport HGAC-HFEA analyse aussi des réactions recueillies durant l’année au sujet du clonage. Près de 80% des personnes interrogées se sont prononcées contre la reproduction par clonage. /PBR
Source : Agence Reuters 8/12/98